« Devenir un juste »

      L’Évangile de ce 30ème dimanche du temps ordinaire, nous montre qu’être juste, c’est reconnaître que l’on a besoin de Dieu pour tendre vers la perfection de la charité. Dans la Bible, « le juste » est celui qui cherche à s’ajuster à la charité de Dieu. La charité est la seule perfection à laquelle nous sommes appelés, car elle est la définition même de la sainteté. Le saint recherche la perfection de la charité : aimer Dieu et aimer son prochain comme Jésus nous a aimés.
      Jamais nous ne pouvons dire que l’on a fini d’aimer, c’est pourquoi la sainteté n’est pas une étape vers laquelle on tend pour ensuite dire « ça y est j’y suis ! ». La sainteté est un mouvement permanent pour nous ajuster à Dieu. Plus nous nous ajustons à lui, plus nous prenons conscience que notre condition humaine, marquée par le péché, n’est pas ajustée au double commandement de l’amour. Cela ne doit pas nous effrayer, au contraire, cela nous aide à nous tourner vers Dieu en lui demandant pardon pour nos péchés et en l’appelant à l’aide : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis », dit le publicain de ce premier dimanche des vacances scolaires.
      Jésus, fils éternel de Dieu, nous appelle à vivre en enfant de Dieu qui dépend du Père : « si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux » (Mt18,3).
      En vivant en communion avec Jésus, par l’amour de Dieu et du prochain, nous apprenons à vivre en enfant de Dieu. Cet amour s’exprime concrètement par le déploiement des fruits de l’Esprit en nous. Ces vertus sont au cœur du texte des Béatitudes du jour de la Toussaint. Nous pouvons, en effet, lire les Béatitudes comme un autoportrait que Jésus nous donne à contempler pour lui ressembler et nous engager à sa suite.
      « Heureux les pauvres de cœur, ceux qui pleurent (vertu de compassion), les doux, les affamés de la justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix, les persécutés pour la justice ou pour l’appartenance à Jésus. »
      Ces vertus montrent que la sainteté, l’amour de Dieu et du prochain, n’est pas une réalité mièvre. Elles sont à rechercher avec la force d’un guerrier qui mène le combat de Dieu. Ce combat est spirituel, mais il nous faut le mener dans chacune de nos rencontres et à tout heure du jour, que nous soyons « à la maison ou en voyage, couchés ou debout » (Dt6,8). Ce combat de l’amour, Jésus l’a mené, les saints aussi. Soyons des saints !

père Vianney Hême de Lacotte