En chemin vers la Pentecôte en ce temps d’épreuve

En chemin vers la Pentecôte en ce temps d’épreuve

En ce dimanche 3 mai 2020, dimanche du Bon Pasteur

Message de Monseigneur Eric Aumonier à tous les fidèles du diocèse.

       Avec vous, frères et sœurs, et avec toute l’Église, le Pape François et les
évêques, je cherche à comprendre ce que le Seigneur nous demande de vivre durant
cette période pascale, en chemin vers la Pentecôte, et comment y répondre.


      Après ces longues et éprouvantes semaines de confinement, je veux vous dire
ma fierté et ma reconnaissance. Je suis très admiratif et je rends grâce des trésors de
créativité et de générosité que vous tous fidèles, prêtres et diacres avez déployé dans
des conditions difficiles pour maintenir la vie paroissiale, soutenir les malades et les
personnes seules, parer aux besoins des personnes en difficulté.


      Privés depuis des semaines de la célébration des sacrements, nous vivons dans
la foi cette épreuve. Je vous invite à demeurer profondément unis comme une seule
famille, à communier à l’amour de Dieu et à la charité du Christ, à invoquer l’Esprit
Saint pour nous laisser transformer par lui.

Soyons unis comme « pierres vivantes de l’édifice spirituel » (1P 2,5)

        L’Église n’est pas une association de groupes de pensée, mais un peuple que
Dieu rassemble par son Esprit d’amour et qu’il nourrit de sa Parole et de ses
sacrements. Notre foi n’est pas une gnose ou un système de philosophie ou de
spiritualité désincarnée.


      Que dit aujourd’hui l’Esprit aux sept Églises, c’est-à-dire à toute l’Église ? Il
nous demande de « garder la ferveur d’antan », « la constance » ; il nous alerte aussi
quand il voit que nous sommes « mous » ou « tièdes », que nous manquons de charité
et que nous nous laissons prendre par la séduction du mensonge ou de l’argent…


      Nous sommes en ces temps conduits à approfondir la façon dont nous vivons
le mystère de l’Église comme un mystère de communion, et non pas à nous plaindre.
La communion n’est pas seulement un accord sur la foi mais un échange, une écoute,
une capacité à recevoir, la conscience d’être membres d’un même Corps où chacun
ne peut vivre séparément ou en concurrence mais prend part aux joies et aux épreuves
des uns et des autres.

        Nous l’avons expérimenté pendant ce temps de confinement durant lequel,
Dieu merci, les obsèques ont pu être célébrées bien que dans une très stricte intimité.
L’accueil des familles en deuil nous fait participer à leur immense souffrance : nous
les portons dans la prière et devons leur manifester notre compassion.


        L’annonce de l’évangile aux obsèques permet à Dieu lui-même de rejoindre la
douleur des familles. Et quand le prêtre célèbre la messe, il annonce la résurrection
et fait participer vraiment au sacrifice du Christ ceux et celles qui sont dans la peine
et attendent le rappel de l’espérance chrétienne.


        Dans ce peuple que Dieu rassemble, il n’y a pas ceux qui savent et ceux qui ne
savent pas. Tous sont pécheurs en voie de conversion devant leur Sauveur et leur
Juge. Il y a des baptisés, des catéchumènes dont je souhaite qu’ils reçoivent la grâce
de l’initiation chrétienne au plus vite, tous au coeur du monde. Agissant déjà en tous
ceux qui se préparent au baptême, la vie théologale de la foi, de l’espérance et de la
charité nous est donnée, comme nous l’avons mieux découvert ensemble lors de notre
synode diocésain « un baptême à vivre ».

Communions à l’amour de Dieu et à la charité du christ

      Dieu s’est révélé en Jésus incarné. Il constitue son Église en lui donnant
d’annoncer la Parole, de célébrer et d’administrer les sacrements jusqu’à la fin des
temps pour que naissent à la vie nouvelle les baptisés et que tous puissent avoir accès
à son pardon et à sa vie.


     Imaginer une Église purement « spirituelle » n’est pas fidèle à ce que le
Seigneur a institué pour toujours. Il est évident qu’une Église sans sacrements n’est
pas l’Église que veut Jésus.


    Les moyens de communication, les vidéoconférences, les rendez-vous
téléphoniques sont des instruments précieux. Ils ne peuvent cependant remplacer la
rencontre humaine interpersonnelle et communautaire fraternelle, à commencer par
celle de l’Eucharistie dominicale. Ce n’est pas seulement notre sensibilité qui nous
le fait pressentir, mais c’est notre foi qui nous le dit. Nous savons qu’à travers un
geste et une parole, Jésus vivant se rencontre et se donne, sa vie se communique, son
amour se donne, le pardon se transmet.

     Nous avons tous hâte de retrouver le chemin de la célébration eucharistique. Et
comment ne pas comprendre et ne pas partager le désir de communier
sacramentellement dès que cela sera possible, sans mettre en danger quiconque ?
C’est pourquoi la privation de la célébration eucharistique est une épreuve
considérable, qu’il faudra traverser encore quelque temps, comme si notre désir de
communion eucharistique et notre foi en l’Eucharistie avaient besoin d’être purifiés
et émondés.


     Comment alors nous préparer au jour où nous pourrons comme Saint Louis
« faire nos Pâques » en nous situant comme des pécheurs et non comme des
consommateurs exigeants ?

     Je nous invite à (re)découvrir l’adoration eucharistique. L’adoration consiste à
aimer Dieu infiniment aimable et à communier en paroles en pensées et en actes à
son amour pour tous les hommes avec Jésus crucifié. Elle nous aide à ne jamais
oublier « quel sang nous a rachetés », et à communier à la charité du Christ. C’est
donc le plus bel acte d’amour que l’homme puisse accomplir avec la grâce de Dieu
et c’est un début de la réalisation de notre vocation.


     Par la visite au Saint Sacrement présent au tabernacle dans la réserve
eucharistique et souvent exposé dans les églises, chacun peut entrer librement et
prendre le temps d’adorer.


     De même, je vous invite en venant à l’église à profiter de la possibilité de de
vous confesser ou de prendre le temps d’un échange spirituel, là aussi dans le respect
des précautions voulues.


     Adorer, recevoir le pardon, c’est communier et vivre de la charité du Christ. Or
la charité est le cœur du mystère de Dieu révélé en Jésus. Elle est le cœur de la vie
de l’Église animée par l’Esprit de Pentecôte. Elle se vérifie et suscite en nous une
charité concrète envers les pauvres, le partage des biens et l’accueil de la sainteté de
Dieu qui sont indissociables et font partie de notre ADN.


     Dans la période que nous vivons, la communion authentique de la charité et de
la foi se vérifiera dans notre capacité à tenir une pratique commune, à nous aider
localement entre fidèles laïcs, religieux et ministres ordonnés à la tenir avec autant
de pédagogie que de clarté, en faisant nôtre le bien de tous.

Invoquons l’Esprit saint en accueillant l’aujourd’hui de Dieu

     Une conviction m’habite alors que nous sommes encore confinés et que se
profile le déconfinement : nous avons vécu et nous vivons encore une expérience
unique, douloureuse, déstabilisante, éprouvante. Comme toute épreuve, elle vient
« vérifier la qualité de notre foi » ; elle peut être une occasion favorable pour saisir
comment Dieu parle dans l’inattendu, comme l’Annonciation nous le démontre.


    Tout temps est en effet le temps de la grâce donnée. Vivons le comme tel,
accueillons le comme « l’aujourd’hui de Dieu ». Il y a une extrême urgence
spirituelle à vivre cet aujourd’hui de Dieu. Pour cela, il nous faut saisir le moment
sans se laisser emporter par le fleuve, et nous tenir ferme pour guider notre barque
quand bien même nous ne maîtrisons ni le courant ni le débit d’eau.


     Ne faisons pas l’économie de ce comportement des contemplatifs dans l’action
que nous souhaitons être et qu’il nous faut être ! Ne retombons pas dans l’agitation,
le volontarisme de l’organisation à tout crin ou dans la préoccupation de « faire » à
tout prix !
     Ne nous laissons pas prendre enfin par l’imaginaire du post-confinement.
Demandons de le recevoir demain dans la confiance alors que nous sommes
aujourd’hui sans visibilité ; de le recevoir non comme un drame mais comme une chance !

      Car une chose demeure et ne change pas : par sa Parole vivante écoutée en
Église, le Seigneur nous redit sans cesse l’Évangile, l’amour du Père qui éclaire notre
présent. Il nous assiste de son Esprit que je vous invite à invoquer ensemble, unis
dans une neuvaine du 22 au 30 mai en récitant par exemple quotidiennement la prière
du Veni Creator avec une intention spéciale pour les futurs baptisés et confirmés, les
fiancés et les futurs prêtres.


       Dès maintenant, j’invoque sur vous tous, frères et sœurs, l’Esprit d’amour et
de force : Il est le défenseur qui donne persévérance et courage dans l’adversité, il
est le consolateur qui réconforte ceux qui souffrent et sont inquiets.

Avec Marie, notre Mère

     « Marie retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur. »
(Lc 2, 16). A la suite de Marie que nous prions tout spécialement en ce mois de mai,
je souhaite que nous prenions le temps de relire ce qu’il nous est donné de vivre. Cela
nous sera nécessaire pour repartir dans l’espérance en nous rendant disponibles
comme Marie au souffle de l’Esprit Saint qui chasse toute peur et donne la joie et la
paix.
      En nous confiant tous à Saint Louis, je demande au Seigneur de vous bénir.


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