LE CARÊME QUI DONNE LA VIE DIVINE

Carême vient de « quadragesima » qui signifie « quarantième » en latin.
Ce chiffre a une signification particulière dans la bible : les 40 ans du peuple hébreux dans le désert, les 40 jours de Moïse sur la Montagne Sainte, les 40 jours de Jésus dans le désert, au lendemain de son baptême dans le Jourdain… La culture biblique est incarnée. Si nous faisons une recherche sur internet, nous découvrons que la majorité des bébés naissent entre la 39ème et la 41ème semaine de grossesse. 40 est donc le chiffre de l’avènement de la vie. Nous savons qu’il peut être un temps d’épreuve, mais au terme de l’attente est manifestée une création nouvelle.
Nous sommes donc invités à entrer dans ce temps de Carême comme dans un temps de préparation à une vie nouvelle. Au terme du Carême, les catéchumènes seront baptisés ; ils recevront de Dieu, la vie divine. Cette période de l’année liturgique est le temps favorable pour nous convertir, c’est-à-dire pour revenir au fondement de notre foi : par le baptême, je suis l’enfant bien-aimé de Dieu le Père. C’est une grâce d’adoption qu’il nous faut sans cesse redécouvrir et approfondir pour en goûter la richesse, la beauté.
La pénitence, à laquelle nous sommes invités est, à l’image du fils prodigue, un appel à revenir vers Dieu le Père. Le jeûne est un chemin pour repositionner nos attachements et notre faim à leur juste place, face aux biens éternels auxquels nous aspirons. La béatitude « Heureux les pauvres de cœur » illustre d’une manière particulière ce détachement envers les biens de ce monde, pour s’attacher à ceux que le Père veut nous donner pour l’éternité. Le partage et l’aumône dilatent notre cœur dans la charité fraternelle. Ils nous font participer à la Providence du Père qui, à travers nous, prend soin de ceux qui sont dans le besoin matériel. Autant de moyens donnés pour vivre plus concrètement notre vie d’enfant de Dieu, à la suite de Jésus, en essayant d’avoir les mêmes sentiments que lui.
Cette imitation du Christ se fait aussi, dans l’action de grâce. Sans cesse Jésus rend grâce : lors du relèvement de Lazare de son tombeau, lorsque les petits reconnaissent ce qui est caché aux sages et aux savants, lors de la multiplication des pains, lors de la Cène… Eucharistie signifie « action de grâce », vivre de l’Eucharistie, c’est vivre en communion avec Jésus qui rend grâce. C’est pourquoi, nous sommes tous invités à travers le parcours du « miracle de la gratitude » à nous engager dans ces 40 jours, pour naître ou renaître à la joie de l’action de grâce des enfants de Dieu.
Bon et Saint Carême

Père Vianney Hême de Lacotte