Est-il permis de… ?

Dans l’Evangile de ce dimanche, les pharisiens interrogent Jésus sur ce qui est permis. Combien de fois, des fidèles me posent cette question et combien de personnes pensent qu’être chrétien c’est respecter des interdits ! Ne savez-vous pas que nous serons « jugés par une loi de liberté » (Jc2,12). Nous ne sommes pas soumis à la loi, à des interdits car nous sommes appelés à vivre en enfant de Dieu. Un enfant chez lui est libre, il se soumet volontairement, par amour pour ses parents, aux règles de la maison pour manifester sont appartenance à cette famille. C’est ce que nous dit Jésus lorsqu’il déclare : « si vous m’aimez, vous garderez mes commandements » (Jn14,15). Voici les commandements que Jésus nous rappelle:
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes.» (Mt 22,37-40)
Voici le commandement nouveau de Jésus : « comme je vous ai aimé, aimez vous les uns les autres » (Jn 15,12).
La question n’est donc pas de savoir ce qui est permis ou pas, mais c’est de savoir si ce que je fais me fait grandir dans l’amour de Dieu et du prochain ! Saint Augustin résuma cela en disant : « aime et fais ce que tu veux ». Ce qui est interdit, c’est ce qui blesse l’amour. Saint Paul dans la lettre aux Romains répond à la question de ce qui est permis de manger ou non : « Que chacun de nous fasse ce qui plaît à son prochain, en vue du bien, dans un but constructif » (Rm14,2). Ce but constructif c’est de grandir dans l’amour pour aller vers Dieu.
Donc, le cadre de l’exercice de notre liberté, c’est l’amour ! Ce qui s’oppose à l’amour tel que Jésus, et non la société, nous l’enseigne, diminue l’homme plus qu’il ne le construit, c’est pour cela que c’est le seule interdit. Tout autre interdit est ordonné à celui-ci !
Cette semaine, la Commission Indépendante sur les Abus Sexuel dans l’Eglise va rendre son rapport sur une étude faite depuis l’année 1950. Elle mettra en évidence des interdits qui ont été dépassés par ceux-là même qui montraient le chemin de Jésus. C’est pour eux dont Jésus dit : « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer » (Mc9,45). Prions pour les victimes, prions pour la conversion des agresseurs et ne désespérons pas de l’Eglise. La « vérité nous rendra libre » (Jn8,32). L’Eglise est Sainte car Dieu agit en elle et, en même temps elle est pécheresse car elle est constituée de pécheurs ! La vie, par la Résurrection, l’amour et le pardon a vaincu la rancœur et la haine donc la mort !
Avançons en recherchant à vivre de « la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu » (Rm8,21).

Père Vianney Hême de Lacotte