ÂME ET CORPS
Dimanche dernier, saint Paul présentait l’Église comme un corps, dont le Christ est la tête. Dans ce corps, chacun reçoit les dons de l’Esprit Saint qui conviennent à sa vocation. Les pères de l’Église ont comparé le rôle de l’Esprit Saint « à la fonction que remplit dans le corps humain le principe de la vie, c’est-à-dire l’âme » (Lumen Gentium 7). Or, pour saint Augustin « L’amour suppose une personne qui aime, une personne qui est aimée et une personne qui est l’amour même ». Dans la Trinité, le Père est celui qui aime, qui est la source et le début de tout ; le Fils est celui qui est aimé, le Saint Esprit est l’amour avec lequel ils s’aiment. Dieu est Amour et l’Esprit est le mouvement d’amour entre le Père et le Fils.
Dès lors, nous entendons la lecture de saint Paul de ce dimanche d’une oreille nouvelle. Des trois vertus théologales la foi, l’espérance et la charité, la plus grande est la charité car c’est Dieu Lui-même. En effet « celui qui aime est né de Dieu » (1 Jn4,7), il est donc rendu « participant de la nature divine » (2 P1,4). Comme enfants de Dieu unis au Fils éternel, nous sommes aimés du Père. Unis au Christ, nous donnons notre amour filial au Père, nous lui donnons l’Esprit Saint. En gardant les commandements de l’amour de Jésus, nous donnons Dieu à Dieu, nous donnons l’Esprit Saint au Père !
Aimer Dieu et son prochain est donc le commandement que Jésus nous donne pour faire advenir Dieu dans le monde, pour le manifester. A cela nous serons reconnus enfants de Dieu. Par cet amour, Jésus nous donne de vivre uni à son Corps qu’est l’Église. Ainsi, celui qui n’aime pas, « reste bien de corps au sein de l’Église, mais pas « de cœur» (LG14).
Cette réalité de la place de l’Esprit Saint dans l’Église éclaire la mission de celle-ci dans le monde. « Ce que l’âme est dans le corps, il faut que les chrétiens le soient dans le monde » (LG38 citant la Lettre à Diognète). Les chrétiens doivent donner plus de vie, plus d’amour, plus de saveur à ce monde, en l’ordonnant à Dieu : ainsi ils contribuent à son salut. L’amour de Dieu et l’amour du prochain doivent saisir nos engagements même politiques. Voter est un acte qui nécessite que l’on s’interroge : puisqu’aucun programme ne correspond parfaitement à ma foi, quel bien pour la société puis-je trouver dans chaque programme ?
Chacun, par son choix, a sa part de responsabilité dans cette société qui est la nôtre. Ne rêvons pas d’une société meilleure pour nous engager, c’est dans notre époque que nous sommes envoyés en mission pour la faire grandir vers plus de bien !
Soyons au cœur de ce monde, ce que l’Esprit est dans l’Église : la vie, l’amour !
Père Vianney Hême de Lacotte