40 JOURS POUR SE REAPPROPRIER NOTRE IDENTITE REÇUE AU BAPTEME

      « Si tu es Fils de Dieu, fais ci fais ça… » Lors du premier dimanche de Carême, nous entendons dans l’Evangile, Satan chercher à faire douter Jésus de son identité de Fils de Dieu. L’identité du chrétien, sa dignité reçue au baptême, est celle d’être enfant de Dieu. Alors, nous aussi, nous pouvons entendre : « si tu es chrétien, fais ci, fais ça… ». Satan attaque l’identité de Jésus en s’appuyant sur l’Ecriture pour l’inciter à prouver qui Il est de manière magique. Nos contemporains peuvent nous faire douter de notre identité en s’appuyant sur le fait que nous ne vivons pas toujours ce que nous disons. Saint Paul savait bien cela en disant « je ne fais pas le bien que je voudrais et je commets le mal que je ne voudrais pas » (Rm7,19).
      « Et nous pécheurs tes serviteurs » dit le prêtre dans la première prière eucharistique, manifeste que nous ne sommes pas encore pleinement ce que nous serons. Comme chrétien, comme enfant de Dieu, nous avons toute la vie terrestre pour accompagner l’Esprit Saint dans son œuvre de transfiguration de notre être. Ainsi peu à peu nous deviendrons semblables au Christ, le Fils éternel en ne vivant plus selon la chair mais selon l’Esprit. Tant que nous sommes en pèlerinage sur terre, nous sommes pécheurs, nous ne parvenons pas encore à vivre pleinement d’une manière conforme à notre identité d’enfant de Dieu. Mais nous avons le devoir d’y tendre, de nous engager résolument dans le combat spirituel pour que notre vie manifeste davantage, l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la douceur, la fidélité et la maitrise de soi qui sont les fruits de l’Esprit Saint, plutôt que la colère, l’orgueil, la jalousie, la débauche, l’ivrognerie qui sont les fruits de la chair marquée par le péché.
      Le récit de la Transfiguration de Jésus lors du deuxième dimanche du Carême, nous encourage à nous engager à vivre ce que nous sommes : enfant de Dieu.
      Le jeûne, le partage, la prière sont au service de ce combat spirituel. Ils sont au service du déploiement de la vie divine en nous : c’est pourquoi nous ne cherchons pas à ce que ce combat soit fait devant les hommes, mais devant Dieu notre Père qui voit dans le secret. Dans le sein de sa mère, l’enfant grandit, caché des hommes, mais, lorsqu’il est assez grand, il fait son entrée devant les hommes et l’on se réjouit. De même le saint, enfant de Dieu, chrétien, est appelé à réjouir le monde par sa vie, son amour de Dieu et du prochain.
      Le monde a soif, il nous attend : engageons-nous dans ce carême pour pouvoir pleinement vivre notre relation intime avec le Père qui nous envoie avec Jésus dans le monde pour y manifester la puissance de l’Esprit-Saint. Cet Esprit peut tout transfigurer dans la grâce baptismale de la naissance à la vie divine.
      Que ce Carême de l’année jubilaire sur l’espérance nous aide à avoir foi en notre dignité d’enfant de Dieu. Animé par cette espérance, engageons-nous joyeusement à vivre comme tel !

Abbé Vianney Hême de Lacotte